Résumés par session > Résumés Session 2

SESSION 2 : Trajectoires techniques et comportementales en zone tropicale et subtropicale

 

Unifacial Acheulean at Nalai site, Bose Basin, Southern China.

De Weyer Louis1, Xie Guangmao2, Lin Qiang2

  1. UMR 7041 ArScan équipe AnTET, MSH Mondes, 21 allée de l’université 92000 Nanterre, France
  2. Guangxi Institute for Culturel Relic Protection and Archaeologye, Nanning, Guangxi, China

The Bose Basin, Guangxi, Southern China, has yielded many Middle Pleistocene sites known for a very long time. The technology is based on pebble shaping, usually unifaces and sometimes on both sides. Although the technology has been carefully studied in several sites, the tools themselves were analyzed so far only from a typological point of view.

Two major results came out from the previous analyses of Bose Basin archaeological sites. First, the technology seems to remain stable from 800 ka to 20 ka, which is an important singularity in the worldwide Pleistocene archaeological record. Second, the tool-kit is dominated by heavy-duty tools shaped on pebbles, with a high proportion of picks and transversal cutting edges.

The discovery of Nalai site, rich of more than 2 000 pieces into 7 stratigraphic layers from the Lower Pleistocene to the Neolithic provides an opportunity for studying the assemblage from a techno-functional approach, in order to identify precisely techno-functional groups and their functional potentials. Furthermore, macro-wear traces were preserved on some of the pieces. This combination allows this study to focus on the diversity of the tool-kit and its use by hominins through the Middle Pleistocene in Southern China.

Focusing on the Pleistocene stratigraphy also leads to address the issue of technical stability or continuity into the hominin technologies through time. The chronological succession will provide brand new data to understand the technical evolution in the Bose Basin through the Middle Pleistocene to the Holocene.

The results of this work show a good correlation between the techno-functional categories hypothesized and the macro-wears identified. It brings the research to a next step of understanding in terms of technical activities and hominin behaviors in Southern China during the Lower Pleistocene.

 

La technologie acheuléenne en contexte côtier africain : le cas des industries sur galets de plage de la Province de Benguela, Angola

Isis Mesfin1

David Pleurdeau1

Maria-Helena Benjamim2

Hubert Forestier1

1 Msueum National d’Histoire Naturelle, UMR 7194 HNHP CNRS, Institut de Paléontologie Humaine, 75013 Paris, Musée de l’Homme, 75016 Paris, France

2 Museum Nacional de Arqueologia de Benguela, Angola

Le cordon littoral de la Province de Benguela en Angola se caractérise par un climat actuel semi-aride et des paysages typiques des environnements du Karoo-Namib. La topographie de cet espace se caractérise par différents étages de terrasses marines au sein desquelles les nombreuses localités archéologiques témoignent de l’ancienneté des occupations humaines dans cet environnement côtier. En effet, plusieurs localités sur les paléoplages de Dungo et de Mormolo suggèrent la présence de groupes humains il y a plus de 600 000 ans et permettent de caractériser la technologie lithique déployée par ces populations côtières anciennes. Les systèmes de production lithique sont particulièrement tournés vers l’exploitation et la mise à profit des convexités naturelles des galets en quartz retrouvés en abondance dans les dépôts littoraux anciens. Concernant l’outillage, certaines pièces de facture acheuléenne viennent s’additionner à des spécificités technologiques locales telles que la production de micro-outils sur galet (e.g. ‘micro-chopper’, ‘micro-chopping tools’), des pointes triédriques sur galets massifs et une forte représentation des outils percutants. Le galet, au cœur d’une grande diversité de stratégies de débitage et de types d’outils semble être un avantage technique important pour les populations de Dungo et Mormolo. Nous discutons cette trajectoire technique à la lumière de la diversité acheuléenne du continent africain et proposons d’utiliser les sites de la Province de Benguela, à la fois pour discuter les premiers peuplements de l’Afrique centrale occidentale mais aussi les premières adaptations aux environnements littoraux d’Afrique sub-saharienne.

 

Why cobbles? Insights from the early Oldowan assemblages in Hadar, Ethiopia

Erella Hovers 1, 2

hovers@mail.huji.ac.il

1-Department of prehistoric archaeology, The Institute of archaeology, The Hebrew University of Jerusalem

2- International affiliate, Institute of Human Origins, Arizona State University

Two in situ localities (AL-666 and AL-894) in the Hadar Research Project area contain lithic assemblages dated to ~2.4 Ma, containing several hundreds and several thousand items, respectively. The artifacts were modified by free hand percussion from cobbles originating from the local streambeds of large channels with the aim of obtaining artifacts with sharp cutting edges. This technical mode of cobble exploitation imposes perceptual and motor cognitive requirements, which in turn begs the question “why cobbles” (as opposed to smaller pebbles)? Here I consider the availability of other, potentially less demanding alternative options for the production of sharp edges, and outline the technological solutions adopted by Hadar knappers when dealing with bulky stones as their raw material.

 

Des galets pour les industries paléolithiques dans la zone sous-himalayenne

Claire Gaillard

Muséum National d’Histoire Naturelle, UMR 7194 CNRS, IPH, 75013 Paris, France

Il s’agira tout d’abord de préciser quelques définitions (galet taillé, pebble/cobble tool, etc.). Ensuite nous envisagerons la manière dont les galets de quartzite, principale matière première disponible dans la zone sous-himalayenne, ont été débités ou façonnés au cours du Paléolithique jusqu’à l’aube du Néolithique. La notion de Soanien, terme qui désigne les industries sur galet dans cette région sera discutée en relation avec celle de Hoabinhien qui concerne l’Asie du Sud-est.

 

Les premiers outils et la relation hominines/culture matérielle en Afrique de l’Est. Regards croisés entre données de terrain, données anatomiques et simulations expérimentales

S. Prat, le West Turkana Archaeological Project et le projet ANR Hominin Technology.

UMR 7194 MNHN-CNRS-UPVD, Msuée de l’Homme, 17 place du Trocadéro, 75016 Paris

L’histoire évolutive de l’Homme et de ses techniques s’est considérablement complexifiée ces vingt-cinq dernières années par l’apport de nouvelles méthodes d’analyses et de nouvelles découvertes tant archéologiques que paléoanthropologiques. Les découvertes faites en Afrique de l’Est et en Afrique du Sud montrent en effet une grande diversité tant sur le plan biologique que culturel. Mais quelle est la relation entre les hominines et les différentes cultures matérielles ? Singularité ou pluralité des artisans et des premières cultures matérielles ? La fabrication d’artefacts lithiques est-elle spécifique du genre Homo et est-elle un élément pour le définir ?

Dans ce cadre, nous nous appuyerons sur un travail comparatif des données anatomiques, comportementales et culturelles entre 3,5-1,6 millions d’années alliant données de terrain et simulations expérimentales.

L’Afrique de l’Est et en particulier la région du lac Turkana, avec un enregistrement sédimentaire presque continu entre 4 millions d’années et 700 000 ans, permet en effet d’aborder les questions relatives aux interactions entre changements environnementaux, évolutions biologiques et culturelles. Nous présenterons une synthèse sur les données paléoanthropologiques et archéologiques, en particulier celles faites par le West Turkana Archaeological Project (WTAP) à l’Ouest du Lac Turkana. La découverte du site de Lomekwi 3 (Harmand et al., 2015), daté de 3,3 millions d’années, soit 500 000 ans avant le plus ancien reste attribué au genre Homo, modifie radicalement le paradigme concernant l’émergence des cultures matérielles, et l’identité possible de leurs artisans. En outre, nos travaux de terrain ont permis de mettre en exergue une contemporanéité des sites oldowayens et acheuléens ainsi que la présence de plusieurs espèces d’hominines appartenant aux genres Homo et Paranthropus. Suite à nos travaux interdisciplinaires, nous discuterons des différentes techniques mises en œuvre pour le Lomekwien et l‘Oldowayen, des schémas opératoires, des capacités cognitivies sous-jacentes, et des capacités biomécaniques et des habiletés manuelles requises lors de l’exécution des mouvements de percussion. Les données cinématiques et électromyographiques (Macchi et al., 2021) mettent ainsi en évidence une sollicitation musculaire similaire entre les techniques mais des modèles cinématiques plus variables.

In fine, nous mettrons en parallèle ces résultats avec les données paléoanthropologiques, relatives à l’occurrence des différentes espèces sur le terrain et à l’anatomie crânienne et post-crânienne des espèces d’hominines datées entre 3,5 et 1, 6 millions d’années.

Remerciements. Nous tenons à remercier l’Office du Président du Kenya, National Museums of Kenya, le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, l’ANR ARCHOR (Projet-ANR-12-CULT-0006) et l’ANR HOMTECH (Project-ANR-17-CE27-0005).

 

Le galet : un phénomène universel et intemporel

Antonio Perez Balarezo1 et Eric Boëda2

1 UMR 7041 ArScan équipe AnTET, Université Paris Nanterre / Center for American Paleolithic Research (CAPR) / Foundation for Pleistocene Heritage Studies in Osorno, Chile (FEPPO).

2 UMR 7041 ArScan équipe AnTET, Pr Université Paris Nanterre

Lorsque l'on introduit le mot galet dans nos propos pour décrire un assemblage archéologique, il s'en suit un grand nombre de présupposés qui parasite l'intelligibilité de la perception. En effet, malgré le fait que de nombreux chercheurs ont souligné que l'usage du galet n'est pas signe d'archaïsme, ce cliché reste solidement ancré, empêchant toute recherche objective.

Nous pensons qu'il faille distinguer deux phénomènes techniques. Le premier est l'utilisation du galet comme simple matière première (quartz, silex, quartzite, etc.), et le second qui prend en compte dans la fabrication d'une matrice à outil ou d'un outil possédant des caractères techniques naturellement présent sur le galet sélectionné.

Selon ces phénomènes, les observations techniques permettent de se rendre compte que le galet est un monde technique où de nombreuses cultures techniques vont s'individualiser quelle que soit la période. Au lieu d'être réduit au monde de l'archaïque, ces phénomènes témoignent d'une intelligibilité différente de celle du monde périméditerranéen que nous prenons trop abusivement comme modèle universel.

 

Le façonnage unifacial sur galet en Asie du Sud Est : l’Hoabinhien

Hubert Forestier1-4, Cyril Viallet2-1-4, Heng Sophady3-4

1 Muséum National d’Histoire Naturelle, UMR 7194 CNRS, Musée de l'Homme, 75116 Paris, France

2 Paléotime, 75 avenue Jean-Séraphin Achard-Picard, 38250 Villard-de-Lans

3 Ministry of Culture and Fine Arts & Royal University of Fines-Arts, Phnom Penh, Phnom Penh, Cambodia

4 Mission Préhistorique Franco-Cambodgienne du MEAE

L’Hoabinhien est un faciès lithique emblématique des régions forestières et tropicales d’Asie du Sud-Est de la fin du Pléistocène supérieur jusqu’au milieu de l’Holocène. L’utilisation préférentielle du galet apparait avec l’arrivée de l’homme moderne dans la péninsule indochinoise vers 30 000 ans environ et ne le quitte plus jusqu’au Néolithique. L’Hoabinhien se caractérise par la taille d’outils lourds et épais sur galet comme des unifaces, des chopper, des chopping tool, des splits de galet et plus rarement des pièces bifaciales. Aucune armature, projectile ou pointe de flèche ne sont représentés dans le tool-kit de ces derniers chasseurs-cueilleurs-foragers paléolithiques des forêts tropicales. Ainsi, en Asie du Sud-Est, point d’évolution technique entre 40 000 et 4 000 BP pour ce qui concerne les industries lithiques et aucune trace archéologique d’arme de chasse, ce qui place les galets taillés hoabinhiens comme une réponse partielle à un questionnement plus vaste : le comportement technique, la subsistance en forêt et la tropicalité.

Ces industries sur galet pourraient passer pour une régression cognitive voire une inertie technico-temporelle, si on les compare aux cultures du Paléolithique supérieur à la même période en Occident. Sans pour autant se référer à quelque déterminisme éco-géographique, on est en présence d’un choix technique singulier et radical né de/dans la forêt, c’est-à-dire du dialogue entre la technique et son environnement. Dans le cas de l’Hoabinhien, nous sommes en présence d’un phénomène qui trouverait son équilibre dans une relation entre le minéral et un végétal en particulier : le bambou. Autrement dit, ce qui nous manque archéologiquement dans les éléments lithiques (les armes) a été réalisé dans du végétal parfois siliceux comme peut l’être le bambou. 

L’Hoabinhien porte en lui une complexité et une modernité que seul Homo sapiens a su traduire justifiant à la fois la pérennité du phénomène dans le milieu tropical humide et son association à d’autres matériaux périssables.

A partir d’exemples pris dans le matériel hoabinhien de fouilles récentes réalisées au Cambodge dans la grotte de Laang Spean, cette communication présentera l’originalité et la diversité des chaînes opératoires lithiques mais aussi, les hypothèses de fonctionnement de ce gros outillage selon une approche techno-morpho-structurelle utilisant l’imagerie 3D.

 

Les stratégies de taille au Paléolithique sur le plateau du Yunnan-Guizhou (Sud-Ouest de la Chine) : une particularité régionale

Yuduan Zhou1, Yinghua Li1, Hubert Forestier2

1 Archaeological Institute for Yangtze Civilization, Wuhan University, Wuhan 430072, China

2 Muséum National d’Histoire Naturelle, UMR 7194, Musée de l'Homme, 17 place du Trocadéro, 75116 Paris, France

L'industrie paléolithique du Sud-Ouest de la Chine a longtemps été considérée comme une «tradition sur galet » (à chopper-chopping tool) voire, comme du « Mode 1 » par la communauté internationale depuis les années 1940 (H.L Movius). Cependant, ces dénominations sont biaisées puisque les faits donnent raison à une grande diversité technique plus complexe qu’il n’y parait dès 1,7 Ma avec le site de Yuanmou et tout au long du Quaternaire où différents modes de taille apparaissent sur le plateau du Yunnan-Guizhou (1500m/Alt).

Notre objectif est de présenter une synthèse des productions lithiques dans ces provinces chinoises méridionales de haute altitude où il existe des stratégies de taille variées et originales sur le temps long du Paléolithique depuis le Pléistocène ancien jusqu'au début de l'Holocène. Cette région voit l’émergence de nouveaux systèmes techniques (débitage, façonnage, débitage+façonnage, etc.) reposant sur l’exploitation de différents types de matériaux autres que le galet.

Cette variabilité des systèmes techniques (façonnage et débitage) et des matières premières sur le temps long reste encore méconnue des chercheurs chinois comme internationaux. Elle apparait comme le résultat d’adaptations régionales particulières des populations en milieu subtropical, montagneux et forestier. Dans ce contexte, l'apparition d'outils sur galet tels que l’on peut les retrouver dans le technocomplexe hoabinhien (43 ka, Yunnan) coexistent avec d’autres modes de production et d’autres supports-outils au cours du Pléistocène supérieur.

Le plateau du Yunnan-Guizhou a semble-t-il été dans la diachronie un carrefour stratégique de flux géniques et culturels où sont apparues des productions lithiques émergentes in situ qui pourraient indiquer une possible innovation locale ou un emprunt à d’autres groupes arrivants vers la fin du Pléistocène supérieur, en transit vers les régions tropicales du Sud-Est asiatique.

 

Façonnage unifacial et débitage bipolaire sur enclume : deux "classiques" de la préhistoire brésilienne

Antoine Lourdeau

Muséum National d’Histoire Naturelle, France

Dans les contrées tropicales du Brésil, alors que les méthodes de débitage ont généralement connu une évolution limitée, différentes solutions ont été recherchées pour l’obtention de supports d’outils aux caractéristiques volumétriques contrôlées, tout au long de la préhistoire régionale, pendant la fin du Pléistocène et au cours de l’Holocène. Le façonnage unifacial de pièces plano-convexes, généralement sur éclat, est l’une d’elle. Il se développe particulièrement entre 12.000 et 8.000 ans avant le présent dans une vaste aire au centre du Brésil. Il permet l’obtention d’outils aux potentiels fonctionnels variés qui offrent d’intéressantes propriétés de raffûtage et de réaménagement. Ces pièces unifaciales sont rencontrées dans un système technique où elles sont complétées par des outils sur éclats relativement normés. Cet ensemble correspond à ce qu’on appelle le technocomplexe Itaparica et émerge à un moment décisif de densification du peuplement de la région.

Le débitage bipolaire sur enclume est une autre face de ces solutions techniques développées par les populations préhistoriques au Brésil. Moins mis en avant dans la bibliographie que d’autres productions, il est pourtant presque omniprésent, dans des proportions toutefois variables. Il semble nouer des relations spécifiques avec certaines matières premières, notamment le quartz, qu’il soit laiteux ou hyalin, en galet ou en bloc, et certains roches siliceux microcristallines, sous forme de petits nodules. Ce débitage permet de produire une ample gamme de produits, selon les périodes et les contextes. De façon récurrente, il est utilisé pour l’obtention de produits de très petite taille, dont la destinée technique n’est pas encore très bien cernée.

Nous illustrons, à travers ces deux exemples, les particularités de l’histoire des techniques des populations préhistoriques du Brésil. Ils mettent en évidence le choix d’une autre trajectoire que celle de leurs contemporaines européennes ayant opté pour un développement des concepts de débitage.

  

« Bipolaire sur enclume » en Afrique de l’Ouest : simple procédé ou véritable système de débitage ?

Sylvain Soriano1, Eric Huysecom2

1CNRS, UMR 7041 ArScAn, équipe AnTET, MSH Mondes, 21 allée de l’université 92000 Nanterre, France

2Laboratoire Archéologie et Peuplement de l’Afrique, Unité d’Anthropologie, Département de Génétique et Evolution, Université de Genève, Quai Ernest-Ansermet 30, 1205 Genève, Suisse

Sur le plateau de Bandiagara (Mali) ou au pied de son escarpement méridional, au contact de la plaine du Séno, les recherches menées sur les formations pléistocènes entre 1997 et 2010 dans le cadre du programme Peuplement humain et évolution paléoclimatique en Afrique de l’Ouest ont révélé de nombreux sites de plein air ainsi qu’en abri sous roche. Les dépôts, qui se développent sans hiatus majeur sur près de 50 000 ans, sont entrecoupés par des occupations dont les industries lithiques se rapportent au Middle et Later Stone Age. Dans un environnement minéral marqué par des matières premières à priori contraignantes par leur qualité, leur morphologie ou leur dimension, en particulier de petits galets de quartz, le recours à la percussion bipolaire sur enclume pourrait apparaître intrinsèquement incontournable. Les faits apparaissent bien plus contrastés et la percussion bipolaire sur enclume n’est qu’une des réponses techniques apportées par les tailleurs. Les exemples mobilisés ici nous amènent à nous interroger sur le statut de cette technique particulière et démontrent que la notion de débitage bipolaire sur enclume occulte des réalités techniques et des intentions variées qui s’inscrivent dans des trajectoires techniques finalement assez communes pour l’Afrique de l’Ouest tropicale et subtropicale.

 

Solutions techniques convergentes dans le Middle Stone Age d’Afrique du Sud

Guillaume Porraz, CNRS, LAMPEA, Aix-Marseille Université, guillaume.porraz@cnrs.fr

Katja Douze, Université de Genève, Laboratoire d’Archéologie et Peuplement de l’Afrique, katja.douze@unige.ch

Le Middle Stone Age (MSA) du continent africain, qui s’étend entre environ 350 et 30ka, recouvre en grande partie les termes et expressions techniques reconnus pour le Paléolithique moyen Eurasien. Ces recouvrements posent avec acuité la question des mécanismes d’adaptation et d’évolution mis en jeu dans l’histoire des sociétés humaines d’un continent à l’autre, occupés par des groupes d’hominines biologiquement différents. Cette macro-lecture phénoménologique implique toutefois d’aller dans le détail des expressions techniques (réalités opératoires et fonctionnelles) et dans le détail des scénarios chronoculturels (successions et chronologies). Dans le cadre de cette présentation, nous engageons une réflexion reposant plus spécifiquement sur les supports-outils convergents qui caractérisent le MSA d’Afrique du Sud, du MIS5 au MIS3. Ces pièces convergentes sont des artefacts très répandus au cours de cette période mais aussi parmi les plus variés en termes morpho-techniques et possiblement fonctionnels, leur analyse étant par conséquent une source d’information majeure bien que sous exploitée. Les expressions reconnues mettent en jeu des solutions techniques génériques renvoyant à la production d’éclats triangulaires, de pointes bifaciales et de pointes unifaciales. Dans le détail, certaines solutions techniques renvoient néanmoins à des concepts, méthodes ou techniques originales qui viennent éclairer les processus de convergence dans le contexte sud-africain. La mise en perspective de ces observations à l’échelle du continent africain permet de confronter les trajectoires évolutives et d’en révéler les originalités développées dans des contextes environnementaux et de recherche souvent très contrastés.

 

Des variabilités culturelles au Midlle Stone Age en Afrique du Nord ? Intérêts d’une approche techno-fonctionnelle intégrée

Hélène Monod1-2-3, Andreu Ollé1-2, Antony Borel3-4 et Roland Nespoulet3

1. Institut Català de Paleoecologia Humana i Evolució Social (IPHES-CERCA), Tarragona, Spain

2. Universitat Rovira i Virgili, Departament d’Història i Història de l’Art, Tarragona, Spain

3. Muséum national d’Histoire naturelle, Département Homme et Environnement, Histoire

Naturelle de l’Homme Préhistorique (UMR 7194 HNHP), CNRS, UPVD, 1 Rue René Panhard, 75013, Paris, France

4. Institute of Archeological Sciences, Eötvös Loránd University, Múzeum krt. 4/B, 1088 Budapest, Hungary

Le contexte des premières études d’industries lithiques au Maghreb (7n XIXe - milieu XXe siècle) est celui des modèles chrono-culturels établis en Europe. Ces modèles étaient inappropriés et sont aujourd’hui scientifiquement et idéologiquement dépassés. Le nouveau cadre géochronologique du Pléistocène moyen et supérieur et les travaux récents sur les origines, le développement des populations et les comportements culturels d’Homo sapiens en Afrique du Nord ont conduit à reconsidérer les caractéristiques et la temporalité des assemblages lithiques. Ils apparaissent maintenant comme faisant partie intégrante de la variabilité et de la complexité des cultures matérielles au Middle Stone Age à l’échelle du continent africain, sur une durée de plus de 300 ka.

Ce changement de paradigme s’accompagne toutefois du poids historique des classifications

typologiques et chrono-culturelles. Il s’agit donc d’un double défi à relever : intégrer le nouveau cadre chronologique et réviser les anciennes classifications. Les collections issues des fouilles et/ou des récoltes anciennes sont souvent déconsidérées car ne répondant pas aux standards actuels de l’archéologie. Nous démontrons ici que ces collections peuvent être des supports pertinents d’études et d’analyses. Pour cela, une approche intégrée est nécessaire. Par approche intégrée, nous entendons le fait de combiner, sous la forme d’aller-retours constants et s’enrichissant mutuellement, l’approche historiographique tenant compte des biais (tris, incomplétudes) et celle portant sur les séries lithiques elles-mêmes. Cadrée par une étude typo-technologique, les analyses tracéo-fonctionnelles et morphofonctionnelles bénéficient ainsi d’une connaissance approfondie de l’histoire des séries et de leurs contextes d’origine. Ceci permet, dans certains cas, de dépasser l’a priori sur les collections anciennes et d’exploiter au maximum leur potentiel informatif.

La région de Tébessa (Algérie) est une zone propice à ce type de questionnements : 1) étant donné le rôle qu’elle a joué dans la mise en place de la chronologie du Paléolithique moyen au Maghreb, 2) par le nombre élevé et la richesse archéologique de sites identifiés comme MSA, 3) par la présence d’un matériel exceptionnellement bien conservé, caractéristique d’un milieu sédimentaire peu ou non perturbé et 3) par l’existence d’enregistrements stratigraphiques, rares en milieu semi-désertique.

Nous proposons, à travers l’analyse techno-fonctionnelle du lithique de l’Oued Djouf el Djemel, de l’Oued Djebbana (collections MNHN) et leur comparaison avec une série récoltée récemment par nous-même (2016) provenant des limites Sud de l’Atérien : El Azrag (Mauritanie), de s’intéresser aux caractères structurants des outils tels que : la technologie utilisée (moyens techniques mis en œuvre), la matière première exploitée, la morphologie et la fonction recherchée. Nous appuyons nos recherches sur la création d’un référentiel expérimental (et de ceux préexistant) en lien avec les usures fréquemment observées. Nous constatons que les pièces convergentes et/ou pédonculées jouent un rôle prépondérant au sein des assemblages, quantitativement et dans la production. Réalisées sur produits prédéterminés ou façonnées sur éclats, leurs modes de fonctionnement sont à la fois normalisées et multiples. Elles font partie intégrante du développement ergonomique de l’outillage, tant sur le point fonctionnel qu’en terme de préhension.

L’identité culturelle de l’Atérien identifiée dans la wilaya de Tébessa par les premiers auteurs a été étendue à toute l’Afrique du Nord, ainsi qu’aux régions sahariennes et sahéliennes.

Cette unité théorique, sous-tendue par le développement technique caractéristique dont les pièces pédonculées et/ou convergentes sont les éléments-clés, apparaît plutôt comme un phénomène culturel complexe s’inscrivant dans la multiplicité des faciès du MSA à l’échelle du continent africain. De plus, il ne correspond pas à un phasage climatique particulier et il n’est pas inféodé à un milieu écologique par culier. L’analyse de ces séries atériennes nous permet d’interroger, au-delà de l’innova on commune des ou ls à soies, la variabilité des besoins fonctionnels et des stratégies d’exploita on lithique dont ces objets témoignent, et à travers eux, les populations humaines qui les ont façonnés et utilisés.

 

Des outils emblématiques des zones steppiques ? Les pièces à bords convergents dans le paléolithique moyen du Proche et du Moyen-Orient

Stéphanie Bonilauri1 et Mana Jami Alahmadi2

1 UMR 7194 CNRS, MNHN

2 UMR 7041 ArScan équipe AnTET

Le Paléolithique moyen du Proche et du Moyen-Orient qui s’étend entre environ 350 et 40 ka emprunte globalement les mêmes trajectoires techniques que celles caractérisant le paléolithique moyen européen et plus largement eurasien. Les outils sur supports débités prédéterminés et normalisés ont tendance à prédominer et parmi ces productions, l’outil à bords convergents (pointe, éclat triangulaire) devient omniprésent, constituant ainsi un élément technique clé de la boîte à outil des populations paléolithiques, partagé par différentes humanités. Mais alors que ce support-outil convergent apparaît parfois dominant mais souvent minoritaire dans les assemblages européens, il est prépondérant dans les assemblages proche-orientaux si ce n’est exclusif durant les phases finales du Paléolithique moyen. Cette emphase des productions de pièces à bords convergents peut être interprétée comme étant la résultante d’une grande mobilité des groupes de chasseurs-cueilleurs ayant évolué au sein de certaines régions steppiques et de comportements de subsistance orientés préférentiellement vers des activités de chasse.

Dans le cadre de cette présentation, nous proposons une réflexion reposant sur les diverses expressions et solutions techniques et éventuellement fonctionnelles de ces outils emblématiques de l’Asie de l’Ouest durant le Paléolithique moyen et plus spécifiquement durant ses phases finales aux alentours du MIS3-4. Nous interrogerons les rôles éventuels des différents territoires et environnements - des zones steppiques de l’ouest (au Levant) et de l’est (en Iran), aux zones montagneuses du Zagros jusqu’aux marges ouest de l’Asie centrale – et tenterons de mettre en lumière et de confronter, selon une perspective spatio-temporelle, les éventuelles différences et similitudes techniques, conceptuelles et fonctionnelles caractérisant les pièces à bords convergents de ces régions orientales. Emblèmes d’environnements particuliers ? Et/ou trajectoires techno-culturelles et conceptuelle spécifique à l’Asie de l’Ouest ?

 

Des civilisations du végétal sous les Tropiques ?

Hermine Xhauflair

Institucion Milà Fontanals de invesitgacion en Humanidades, Consejo Superioir de Investigaiones Cientificas / UMR 7194 HNHP

La technologie lithique sud-est asiatique est en rupture avec ce que l’on trouve plus au Nord et à l’Ouest. Il semble que lorsque les groupes préhistoriques sont arrivés dans cette région tropicale, en particulier dans les îles, ils ont changé leur bagage technique connu jusqu’alors pour fabriquer des outils en pierre moins standardisés, à l’aide de techniques plus simples. De nombreux préhistoriens ont proposé de voir dans cette simplicité (expedient) de l’outillage lithique le reflet d’un investissement technique axé sur un autre matériau : le bambou. Cette hypothèse est séduisante mais qu’en est-il en réalité ? Grâce à une analyse fine des micro-traces d’usure et des résidus végétaux présents sur les outils en pierre, j’ai pu identifier les premiers indices de l’existence d’une technologie préhistorique en matériaux périssables sur l’île de Palawan, aux Philippines. Si l’on a bien affaire à une « civilisation du végétal », pour reprendre l’expression de Pierre Gourou, celle-ci ne se limite pas à une panoplie d’armes et outils en bambou. Le palmier et le bananier semblent avoir été des ressources de choix et les pièces lithiques témoignent de la fabrication de cordages et de paniers. 

Qu’en est-il dans les autres régions du monde qui présentent un environnement similaire ? Observe-t-on des convergences au niveau de l’industrie lithique ? L’outillage cache-t-il également toute une culture matérielle végétale qui aurait aujourd’hui disparu ?

D’autre part, la simplification des techniques de taille est un phénomène qui n’est pas exclusif aux forêts tropicales. On observe un phénomène parallèle au Mésolithique en Europe par exemple, alors que cette période est justement caractérisée par l’expansion de la forêt. Vivre en forêt implique-t-il nécessairement de délaisser la pierre pour se concentrer sur les ressources végétales ?

 

Instruments bifaciaux multifonctionnels aménagés comme marqueurs des premiers habitants des forêts de montagne dans l’ouest de la Colombie

Carlos E. Lopez et Martha Cecilia Cano

Différentes recherches archéologiques faites au cours des 25 dernières années dans le bassin moyen du fleuve Cauca (Ouest de la Colombie) font état de découvertes d’objets lithiques fabriqués et utilisés par des habitants qui occupaient la région entre le XIIe et le IVe millénaire avant le présent. La présence de galets utilisés est fréquente. Ils présentent des bords et des surfaces mascagnés ou usés, qui ont servi de percuteurs, de molette ou de meules, liés à la transformation et à l’exploitation de plantes. Ces instruments simples démontrent le choix conscient de matières premières d’origine volcanique dont le grain a facilité les processus d’abrasion. Il est aussi courant d’enregistrer la présence d’outils sur, peu ou pas retouchés, ainsi que de certains produits de percussion bipolaire sur enclume. Associés à ces artefacts peu transformés, contraste une série d’instruments façonnés normalisés. Ces outils montrent présentent une stabilité de leurs caractéristiques formelles et fonctionnelles, indiquant en particulier leur usage dans la gestion millénaire des plantes. Les études de différentes collections lithiques dans la région du Cauca indiquent des caractéristiques typologiques et technologiques similaires. Il s’agit d’instruments façonnés bifacialement, avec des échancrures qui ont facilité leur aménagement. Ceux-ci ont eu des utilisations variées. Dans la littérature archéologique ces objets, communément appelés "azadas", sont mentionnés depuis les années 80. Ces instruments ont rempli le rôle de fossiles directeurs. Les premières études systématiques aident à la compréhension de l’ensemble de la chaîne opératoire et des systèmes techniques. Nos analyses techno-fonctionnelles proposent de les appeler génériquement «Instruments bifaciaux multifonctionnels aménagés» (IBMA), en soulignant principalement l’originalité de leur conception et de leur récurrence, en plus de leur utilisation principale comme pelles-bêches. L’analyse de quelques 500 instruments à l’échelle suprarégionale, à partir de leur taille, de leur forme, de leur poids, de leur matière première, de leur support et de leur réduction, apporte des contributions significatives à la connaissance des premiers habitants qui occupaient les forêts de montagne du Cauca moyen, pendant l’Holocène Inférieur dans le nord-ouest de l’Amérique du Sud. Sans rejeter la possibilité d’une population antérieure, les IBMA se rapportent aux premières populations adaptées à des forêts humides liées à des environnements volcaniques de la Cordillère Andine Centrale.

 

Le phénomène Nubien dans le nord-ouest de l’Oman : diffusion ou convergence ?

Amir Beshkani1, Tara Beuzen-Waller2, Stéphanie Bonilauri3

1 UMR 7041 ArScAn, équipe AnTET, MSH Mondes, 2 allée de l’Université, 92000 Nanterre, France

2 Université de Tübingen, Département de Géosciences

3 UMR 7194 MNHN-CNRS-UPVD, Musée de l’Homme, 17 place du Trocadéro, 75016 Paris

Jusqu’à la dernière décennie, l’origine africaine – Nord-Est africain – et arabique du phénomène nubien, aux alentours du MIS 5, était communément admise. Cependant, les récentes découvertes d’industries de type nubien au sein d’autres aires géographiques, ont remis en cause ces origines en proposant de nouvelles voies de diffusions, depuis l’Afrique du Sud  jusqu’à l’Inde.  Il apparaît que cette technologie est relativement répandue dans l'espace – Péninsule arabique, Afrique du Nord-Est et de l’Ouest, Maghreb etc. - et dans le temps, du Pléistocène moyen au Pléistocène récent.

Par ailleurs, selon un angle technique, une simple comparaison d’industries de morphologies a priori similaires ne nous semble pas suffisant pour parler d’homogénéité de ces industries lithiques.

Lors des prospections menées sur le site du Sufrat Dishshah dans le nord-est du Sultanat d’Oman, un certain nombre de nucleus de types nubiens ont été découverts. Nous tenterons d’apporter des arguments et des interprétations technologiques et techno-comportementales permettant de répondre aux questions de « diffusions » et/ou de « convergences techniques » des chaînes opératoires nubiennes/Levallois dans le Paléolithique moyen omanais.

 

Le débitage Levallois dans le Stone Age Africain : entre variabilité technique et disparités analytique/d'analyse/d'étude.

Alice Leplongeon et David Pleurdeau

L’usage du terme Levallois en préhistoire africaine a connu plusieurs rebondissements. Par exemple, il a d’abord été proposé de le bannir lors du premier congrès panafricain organisé à Nairobi en 1947 (résolution 16), pour le restaurer ensuite (sensu Bordes, 1961) lors du symposium de Burg-Wartenstein en 1967 (recommandation P).

En parallèle, selon les zones d’étude et les équipes de recherche, le débitage Levallois et la variabilité de ses modalités opératoires, ont été appréhendés de manière disparate, avec des approches morphotechniques différentes. Contrairement à la préhistoire européenne et levantine où la variabilité du Levallois a fait l’objet de nombreuses études s’accordant sur une définition commune (Boëda, 1994), les mentions d’un débitage Levallois en Afrique semblent correspondre à un débitage, parfois vu comme une entité monolithique, dont les définitions prennent souvent un contour plus flou.

Pour autant, l’étude de la variabilité du débitage Levallois est souvent perçue comme centrale dans les questions liées à l’émergence et au développement du Middle Stone Age (MSA), participant de sa définition même, que ce soit dans la variété de ses expressions techniques ou de son emprise au sein des assemblages. De même, l’étude du débitage Levallois est un élément moteur pour aborder la transition du MSA vers le Later Stone Age, que ce soit en termes de présence / absence ou dans la mise en évidence de systèmes de production intermédiaires entre débitage Levallois et débitage laminaire volumétrique.

Plus récemment, le débitage Levallois a également été au centre de problématiques et débats liés aux modalités de dispersions humaines hors d’Afrique (ou retour en Afrique) ou à la mise en évidence d’interactions entre hominines à la fin du Pléistocène moyen. De même, sa présence (qu’elle soit interprétée comme persistance, réintroduction ou convergence) à l’Holocène dans certaines régions questionne le rôle que cette réponse technique a pu jouer dans jusqu’à récemment dans l’organisation des occupations humaines africaines.

Après un bref historique des recherches, nous détaillerons quelques exemples tirés de l’Afrique de l’Est et de la Vallée du Nil afin d’appréhender le rôle du débitage Levallois dans la construction des systèmes chrono-culturels de ces régions, et dans la reconstruction des comportements techniques humains en Afrique.

Boëda, E. (1994). Le concept Levallois : variabilité des méthodes. Paris : CNRS Ed.

Bordes, F. (1961). Typologie du Paléolithique ancien et moyen. Publications de l’Institut de Préhistoire de l’Université de Bordeaux. Bordeaux : Delmas.

 

The Levallois knapping in the African Stone Age: technical and analytical disparity/variability

The history of the use of the term Levallois in African prehistory has known a few twists and turns. For example, Resolution 16 of the first Panafrican Congress organised in Nairobi recommended to discontinue the term ‘Levallois’ in African prehistory, before it was reinstated (sensu Bordes, 1961) during the Symposium at Burg-Wartenstein in 1967 (recommendation P).

In parallel, depending on study areas and research teams, Levallois knapping and its variability were considered using diverse methods and morpho technical approaches. In contrast to European and Levantine prehistory, where Levallois variability has been the subject of numerous studies, most of which following a common definition (Boëda, 1994), references to Levallois knapping in Africa often denote the use of a looser definition, sometimes viewing the ‘Levallois’ as a monolithic entity.

However, the study of the variability of Levallois knapping is also perceived as central in questions related to the emergence and development of the Middle Stone Age (MSA), pertaining to its very definition, whether in the diversity of its technical expressions or in its importance within assemblages. Similarly, the study of Levallois knapping is a key element to discuss the transition from the MSA to the Later Stone Age, whether it be in terms of presence / absence or in the evidence for production systems that are intermediate between Levallois and volumetric blade productions.

More recently, Levallois knapping has also been at the centre of research questions and debates focusing on the archaeological evidence for human dispersals out of (or back into) Africa, or for hominin interactions at the end of the Middle Pleistocene or early Upper Pleistocene. In addition, the presence of Levallois (whether it be interpreted as a persistence, reintroduction or convergence) during the Holocene in some regions of Africa puts into question the role that this technical response may have played until recently in the organisation of human occupations in Africa.

After a brief overview of the research history, we will detail some examples from Eastern Africa and the Nile Valley in order to discuss the role of Levallois knapping in the construction of the chrono-cultural taxonomic systems in these regions, and in the reconstruction of human technical behaviours in Africa.

 Boëda, E. (1994). Le concept Levallois : variabilité des méthodes. Paris: CNRS Ed.

Bordes, F. (1961). Typologie du Paléolithique ancien et moyen. Publications de l’Institut de Préhistoire de l’Université de Bordeaux. Bordeaux: Delmas.

Personnes connectées : 3 Vie privée
Chargement...